Rencontres

Sonja de Monchy

Artiste Céramiste

Attachée au travail de la main et à l’expression des matières et de la couleur, Sonja de Monchy imagine au sein de son atelier des surfaces et des objets en céramique émaillée sur mesure destinées à l’ennoblissement des espaces.

Elle maîtrise l’art du Raku, « le bonheur dans le hasard » –  qui est une invitation au lâcher-prise dans le processus de création céramique. Découverte de son parcours, ses inspirations et sa conception de la création : 

Quel est votre parcours ?

 

Diplômée en 2008 de l’ENSAD Paris en section Textile et Matière, c’est surtout lors de mon échange Erasmus à Copenhague, à la Danmarks Designskole, que j’ai repris contact avec la terre que j’avais pratiquée plus jeune. En 2011, j’obtiens mon diplôme de Master de l’école de Communication de Sciences Po Paris et mène une première expérience entrepreneuriale à l’incubateur d’entreprise avec un projet d’éducation à l’art pour le jeune public. J’ai ensuite complété mes savoir-faire techniques par des formations et stages spécialisés : tapisserie d’ameublement, créations d’émaux céramiques, tournage…

Mon parcours reflète surtout un grand appétit et curiosité pour l’apprentissage des techniques artistiques et artisanales. Forte de ces connaissances, j’associe volontiers les gestes et savoir-faire textiles au domaine de la céramique. Je m’efforce à consacrer du temps à de la recherche créative.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

 

La nature environnant mon atelier est une grande source d’inspiration. La création contemporaine et les artisanats ancestraux me nourrissent également beaucoup. Je suis très sensible aux mouvements qui « travaillent » la matière.
La peinture ou la sculpture expressionniste, l’art brut, mais aussi Brancusi, Louise Nevelson ou encore Pennone.

J’aime les rythmes graphiques que l’on peut retrouver dans les écritures minimalistes de Pierrette Bloch. J’aime l’école du Bauhaus à travers notamment le travail d’Anni et Josef Albers. Calder et Chillida pour son côté également très graphique. Pour les couleurs et les motifs : Matisse, Bonnard, Toulouse Lautrec, et Paul Klee. La céramique traditionnelle (bols chawan) et textiles, tissages japonais, l’architecture et les voyages… Et toutes les matières naturelles qui m’intéressent ! Si je devais citer un seul céramiste, ce serait Lucie Rie.

Vous maîtrisez le Raku. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste exactement cette technique, où vous l’avez apprise et qu’est-ce qui vous a attiré ?

 

La technique de la cuisson raku – en japonais « le bonheur dans le hasard » –  est une invitation au lâcher-prise dans le processus de création céramique. Les pièces étant extraites du four à pleine température, un choc thermique engendre le craquèlement de l’émail. Ces craquelures sont ensuite soulignées par un enfumage dans la sciure de bois qui dessine alors un jeu de lignes aléatoires.

J’ai découvert cette technique au cours de mes apprentissages en céramique, en 2015. J’ai été immédiatement séduite par ce processus qui nous fait vivre la magie du feu, la fusion de l’email et des couleurs qui se figent sous nos yeux.
J’ai approfondis cette technique par mes experiences successives et importante documentation sur le sujet mais je n’ai pas suivi « d’apprentissage  » à proprement parler, il n’y a pas de raku académique.

Comment abordez-vous la création de vos pièces?

 

Par le dessin d’abord et des recherches de matières. Je ne passe jamais ou très peu par la 3D. Je réalise souvent mes pièces directement à l’échelle 1. Une forme, texture ou couleur en appelle une autre. J’associe souvent les matières, les textures brutes à des compositions géométriques de façon à ce que mon travail ne soit jamais lisse, j’aime les irrégularités.

Comment travaillez vous avec les architectes d’intérieurs qui prescrivent vos créations ?

 

J’apprécie beaucoup les échanges que je peux avoir avec mes clients. Les architectes d’intérieur sont avant tout des créatifs et la perception qu’il peuvent avoir de mes matières me pousse toujours dans un ailleurs que je n’aurais pas imaginé sans eux. Après leur avoir proposé des échantillons pour leur projet, je développe des prototypes et maquettes à valider, afin de passer en production.

Sur quel projet rêvez vous de travailler ?

 

Je vis déjà aujourd’hui le rêve que j’avais formulé il y a 5 ans mais je pourrais en repousser encore un peu les limites et imaginer maintenant travailler sur un projet de maison… tout en céramique !

Photos – ©Candice Nineh, ©Sonja de Monchy, ©Marie Digard

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