Rencontres

Martin Berger

Artiste Plasticien

Directeur artistique de l’atelier de décors Ateliers Berger, Martin Berger réalise, dans le cadre d’une pratique artistique plus personnelle, des œuvres inspirées à la fois des éléments naturels en retranscrivant « ses beautés et ses contrariétés, ses formations lentes et déformations rapides, ses mouvements » et de l’humain à travers « le geste, le mouvement, la danse, la respiration de la vie et l’encrage au sol ». Découverte du parcours de cet artiste, de ses inspirations, de ses rêves :

Pouvez-vous nous raconter votre parcours en quelques mots ?

 

Je suis né dans les Alpes, avec des origines Suisse (Neuchâtel). Mes parents m’ont embarqué en banlieue parisienne quand j’avais 7 ans. Gaucher, l’école a tout de suite été compliquée pour moi car en petite section, nous écrivions encore à la plume et l’encre séchait très lentement.

Entre 20 et 22 ans, je pars à San Francisco, aux Etats-Unis. En 1985, c’était un peu « sex and drugs and rock’n’roll » comme le chante Ian Dury. Je n’ai donc pas fait de grandes études mais à mon retour j’intègre l’école du Louvre en candidat libre suivant ainsi une éducation maternelle très orientée sur l’art, les antiquités, les belles choses en général. J’ai beaucoup fréquenté les salles de ventes aux enchères, les expositions, les salons décoratifs, exerçant mon œil et formant mon cerveau à la création.

Mon premier métier a été celui d’antiquaire mais un crack boursier, en 1992, m’a privé de ma clientèle américaine et japonaise qui appréciait notamment les pièces de verreries de l’école de Nancy. N’étant pas très à l’aise dans l’exercice du commerce je décide à 28 ans d’intégrer un premier atelier de décor, passant des antiquités à la lumière de la création. J’avais déjà fait de la restauration de mobilier et travaillé des enduits, mais là, c’était vraiment solaire, large, infini en quelque sorte.

Je navigue ensuite d’un atelier à un autre pendant presque 4 ans, apprenant, absorbant les formes, les couleurs, les espaces. C’est à cette période là que j’entre dans ma vie artistique, réalisant des pièces de mobilier, des décors et mes premières œuvres.

En 1997, je monte un atelier conjointement avec ma belle mère sculpteur « annja » en Arizona et 18 mois plus tard je reviens en France, à Grenoble, avec femme et enfants. Je remonte un atelier en France fin 98 et une structure de décors en 2003 avec Ariane Berger ma partenaire au travail et dans la vie.

Comment et quand avez-vous décidé de différencier votre atelier de décor
et votre pratique personnelle ?

 

Cela s’est fait naturellement dès que je suis sorti de mes expériences dans des ateliers pour voler de mes propres ailes. La liberté m’a permis de m’affranchir des limites et contraintes du décor pour aller toucher des aspects plus personnels, des espaces « réduits » aux formats et formes que je choisis ou qui s’imposent. Cependant les deux pratiques restent intrinsèquement liées, je demeure le même homme dans les deux mondes.

Quelles sont vos sources d’inspiration ? Votre processus créatif ?

 

Au cours du temps deux sources qui forment un fil continu et sont devenues des évidences. Notre planète, l’environnement naturel, ses beautés et ses contrariétés, ses formations lentes et déformations rapides, ses mouvements. Terre, air, eau, feu, les matières du constituant du primaire. L’Homme, le genre humain donc, ses polarités, le corps très important, le geste, le mouvement, la danse, la respiration de la vie et l’encrage au sol.

Vos œuvres incarnent le mouvement, que représente cette notion pour vous ?
pourquoi est-elle essentielle ?

 

Le mouvement relève plusieurs aspects, le geste, la vie, mais aussi l’emportement, la fougue et une notion de non limite. C’est également le reflet de l’énergie, dans une pièce abstraite c’est fondamental d’éprouver l’énergie déposée et la donner au regard. Il y a la nécessité de produire des formes plus « déconnectées » des murs, plus en suspension, légères, le mouvement doit enfin se situer dans tous les états de matières utilisées.

Avez-vous des rêves de collaborations, de création d’une pièce spécifique ?

 

J’ai précédemment collaboré avec des ingénieurs pour créer des pièces ou le mouvement était mécanique, la science est donc très attirante, elle aussi infinie. Art et science.

Pour joindre l’inerte d’une pièce et le mouvement, réitérer l’expérience d’associer une pièce à la danse et à la musique. Mon rêve ultime, une collaboration Forme-Matière avec la lumière de James Turrell !

Comment avez-vous rencontré Collection Latil ?

 

C’est Anne-Sophie qui m’a conviée à un dîner, dans un atelier extraordinaire, à l’image de son œil, de sa sensibilité. Ensuite ce fut un peu comme dans la chanson « Le Tourbillon » de Jeanne Moreau, on s’est observés, séparés, retrouvés et plus quittés.

Photos – ©Max Teste, ©Martin Berger, ©Stephan Julliard, ©Bruno Moyen.

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