Rencontres

Kostia

Qu’est-ce qui vous a amené, au milieu de votre vie, à devenir ébéniste ? 

Jeune, j’ai eu la chance d’être entouré de très beaux meubles. Je faisais toutes les expositions possibles, allant parfois à l’étranger pour en voir une en particulier. À l’université, j’ai pris des cours d’histoire de l’art, mais je n’ai jamais œuvré.  Il y a un moment où ce besoin de travailler la matière est devenu plus fort que la satisfaction de la contemplation.

J’ai choisi de me former en ébénisterie, car dans le meuble, il y a du bois, de la sculpture, du bronze. J’aime beaucoup cette contrainte de création, un meuble peut être aussi incroyable qu’on le souhaite, il reste un meuble. Cela ne m’empêche pas de travailler grâce à ma technique sur des pièces purement d’art.

Quelles matières vous attirent le plus ? 

J’aime évidemment le bois, mais j’ai une très grande affinité pour le bronze. C’est une matière fascinante. Lorsqu’on polit du bronze et que la matière chauffe entre nos mains, il se passe quelque chose de particulier. Mais je travaille toutes les matières, cela dépend de la création que je souhaite réaliser. Je pars bientôt à Murano pour inclure du verre dans l’une de mes œuvres.

Quel est votre processus de création ? 

Je commence très souvent par une série de petits croquis sans jamais réfléchir à la réalisation. J’ai de la chance, la technique ne corrompt jamais ma vision créatrice, la réalisation n’est pas une contrainte. Ensuite vient la maquette pour vérifier les proportions, puis le dessin technique afin que l’atelier puisse le réaliser. J’ai la chance d’avoir une équipe qui part tête baissée dans des projets, là où d’autres questionneraient le résultat.

Quelle est votre signature ? 

Du mobilier ou des pièces qui racontent une histoire. Mes œuvres sont en grande majorité issues d’une réflexion et expriment une symbolique. Rien n’est laissé au hasard, ce n’est jamais juste un meuble. Je fais des pièces qui une fois installées sont très présentes. Ce n’est pas que de l’art décoratif, il y a une grande partie d’art.

Nous vous remercions d’accueillir le dîner Collection Latil. Que pensez-vous de l’idée de réunir artistes et artisans de la collection ? 

Je trouve que c’est très pertinent, car que nous le voulions ou non, nous vivons dans notre époque et chaque époque a son style. Nos sources d’inspiration sont similaires, nos pièces bien que marquées par chacun, correspondront dans le futur à une période. 

Je vois ce genre de rencontre comme la ruche au début du XXe siècle à Montmartre, plusieurs artistes vivant ensemble côte à côte. Ils ont marqué une époque de la peinture, chacun avec leur propre vision.

De mon coté, j’ai la chance d’avoir mon propre atelier pour réaliser mes créations. Des diners comme celui-ci permettent aux artistes de trouver les personnes qui pourront réaliser leurs œuvres et leur apporter un bagage technique.

Quels sont vos futurs projets ?

Nous sommes en train de travailler sur deux buffets en Mica, une table de salle à manger s’inspirant des cyprès chauves de Virginie, et nous préparons une installation luminaire pour le mois de janvier pour la galerie Scène ouverte.

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