Rencontres

Clémentine Brandibas

Clémentine Brandibas – brodeuse organique

C’est lors des portes ouvertes de l’Ecole supérieure des arts appliqués Duperré à Paris que j’ai ressenti un coup de foudre pour la broderie d’art. J’y ai vu une pratique en accord parfait avec mon caractère et dans laquelle les images que j’avais en tête pouvaient se concrétiser et s’épanouir. Diplôme en poche, je décide donc de me consacrer à la broderie à l’aiguille pour explorer mes sources d’inspirations : l’infiniment grand, le cosmos que l’on retrouve dans Constellations, l’océan avec Écumes et l’infiniment petit avec des éléments microscopiques, naturels qui composent en myriades de petits points un univers organique dans toutes mes œuvres.

La démarche créatrice de Clémentine…

Ce que la Nature met du temps à créer, l’Homme le détruit en un instant. En résonance à ce constat, l’artiste crée des paysages organiques et oniriques qu’elle considère comme autant de paradis perdus. À travers eux, elle offre une vision poétique et idéalisée d’une nature souveraine, libérée de l’être humain.

Le format et la composition de ses œuvres évoquent souvent le point de vue d’un observateur survolant les reliefs lointains, inaccessibles, tout en détaillant l’anatomie moléculaire de cette même matière paysage.

Dans cette volonté d’exclure toute trace d’humanité, elle souhaite faire oublier la technique broderie et sa propre main créatrice : pour cela, elle affine la matière textile avec patience et détermination, allant avec subtilité au plus près de chaque détail.

Son inspiration : restituer les beautés complexes de la nature grâce à différentes techniques de broderie.

Elle a recours pour ce faire à toute la diversité des points de broderie dont certains sont peu usités aujourd’hui et qu’elle ressuscite d’une façon très inventive, comme le point de corail ou d’araignée.

Elle imagine aussi des incrustations d’éléments inattendus : sequins, perles, plumes marouflées ou encore plastique, pour ennoblir ses pièces et leur conférer de riches effets de relief, proches de l’illusion d’optique.

En jouant des contrastes entre des parties denses et d’autres plus ajourées, elle sait mener ses tableaux brodés aux confins de la dentelle.

Parlez nous de vos œuvres déjà réalisées : 

Au départ il y a la toile de soie, virginale, blanc sur blanc. Puis l’œil entre peu à peu dans le détail: des milliers de petits points créent le motif, ajourent le textile, s’assemblent.

Mont de Vénus : autant d’îlots semblables à des arapèdes – ces coquillages en forme de cône accrochés aux rochers – cernés de points de corail puis de points de Boulogne.

Écumes :  cette pièce de soie a été préalablement teintée au sel. Ses effets m’inspirent des vagues et des glaciers. C’est mon point de départ, je vais les souligner et cheminer dans la toile. Pour accentuer les reflets de l’eau, j’insère des morceaux de plastique, je rehausse avec des plumes de martin-pêcheur.

Constellations : dans le cosmos brillent des myriades d’étoiles dorées…

Quels sont vos projets en cours et futurs ? 

Installée à Saint-Jean-d’Illac en Gironde, elle cherche en parallèle de ses créations à développer ses collaborations avec des Maisons de haute couture, des artistes et des artisans d’art « pour des projets contemporains où les savoir-faire se croisent et s’enrichissent mutuellement ».

Les projets ne manquent pas : envisager des tableaux plus narratifs, inspirés par la neige ou les haïkus, et les réaliser dans des formats plus imposants et participer à des évènements artistiques. « J’aime montrer la facette contemporaine inattendue de cette pratique artisanale ».

Grâce au Prix de la Jeune Création Métiers d’Art, sa présence sur Révélations en mai 2019 ne manquera pas de lui assurer cette visibilité et de favoriser le positionnement auprès de prescripteurs, collectionneurs, professionnels pouvant déboucher sur des projets stimulants.

Top