Rencontres

Armel Soyer

Galeriste Design et Arts décoratifs

Armel Soyer, galeriste et éditrice de pièces de design et d’arts décoratifs contemporains, a toujours été captivée par la création et par le geste technique. Entre Paris, Megève et Saint-Tropez, elle façonne un univers singulier, réunissant talents émergents et artistes renommés. Dans cette Rencontre, elle partage son parcours, l’importance des histoires que racontent les artistes et les artisans avec lesquels elle travaille, ainsi que la richesse des lieux dans lesquels elle présente leurs pièces d’exception.

Quel est votre parcours ?

 

Après des études d’économie à Paris-Dauphine, j’ai rejoint la maison Lalique pendant dix ans au sein du département marketing-communication à l’international. J’ai toujours réussi à accorder mes objectifs avec mes centres d’intérêt : j’ai participé à la promotion des savoir-faire au sein de Lalique en voyageant dans le monde entier pour communiquer autour de cette expertise technique. J’ai commencé avec les bijoux et l’horlogerie, puis on m’a confié la valorisation de l’ensemble des produits. Voyant les étoiles scintiller dans les yeux des clients étrangers quand je leur parlais des métiers d’art, j’ai rapidement compris que le made in France était une véritable marque et que l’héritage de Colbert était bien vivant.

Parallèlement, je constatais que les artisans travaillaient principalement la copie ou la réédition et je trouvais dommage qu’il n’y ait pas plus de place pour la création. Partant de ces observations, j’ai décidé d’ouvrir un nouveau chapitre pour raconter les arts décoratifs contemporains, en montant ma galerie.

Quand avez-vous ouvert votre galerie et qu’est-ce qui fait votre singularité ?

 

J’ai ouvert ma première galerie en plein cœur du Marais en 2011, avec pour objectif d’écrire une nouvelle page sur les arts décoratifs du XXIe siècle. Je voulais présenter des designers et artistes contemporains, et j’ai choisi dès le départ de représenter des artistes internationaux. J’ai démarré l’aventure avec Pierre Gonalons et Mathias Kiss qui ont fait partie des premiers artistes-designers que j’ai représentés. J’ai tout de suite connu un succès d’estime. J’ai eu l’honneur d’avoir été choisie pour participer à Design Miami/Basel avec un solo show de Pierre Gonalons en 2012, première année d’ouverture de la galerie. Et en 2013, nouvelle reconnaissance avec un Wallpaper Design Award, pour le Miroir Froissé de Mathias Kiss. Je pense que le monde de l’art n’a pas de frontière. Aujourd’hui je représente autant d’artistes français qu’étrangers.

Comment choisissez-vous les artistes avec lesquels vous travaillez ?

 

Je représente aujourd’hui une vingtaine d’artistes et toutes les histoires de nos rencontres sont différentes. Je repère des artistes sur des salons pointus, sur les réseaux sociaux. Certains me contactent et m’envoient des dossiers… Il n’y a pas de règle. En revanche, pour que je représente un artiste il faut que j’adhère complètement à son univers. Je ne fais pas de concession sur ce point. Je suis aussi très attentive à ce qu’il n’y ait pas de concurrence entre les artistes de la galerie. Un nouvel artiste doit apporter quelque chose en plus, mais certainement pas remplacer un autre univers.

Après Paris, vous avez ouvert d’autres lieux pour mettre en scène et vendre les pièces des artistes que vous représentez. Comment les avez-vous choisis ?

 

J’aime les lieux aux architectures vernaculaires. Par exemple, la galerie parisienne située rue Chapon, en plein cœur du Marais, était un ancien atelier de maroquinerie. À Megève où je suis installée depuis huit ans, j’ai eu deux espaces. Une galerie en plein centre (un bâtiment dessiné par Henry Jacques Le Même en 1945), aujourd’hui fermée, et la Ferme de Prasset — un showroom unique perdu dans la montagne, qui m’a permis d’aborder celle-ci avec un œil neuf, grâce à ce bâtiment rustique, inhabité depuis 50 ans, entièrement repensé et dans lequel je reçois sur rendez-vous. À Gassin, sur la presqu’île de Saint-Tropez, j’avais investi une maison de village typique de la région et de ses ruelles. Et depuis 2021, la galerie de Saint-Tropez, rue Joseph Quaranta est également une maison de village bourgeoise au charme tropézien.

Ces lieux que j’ai traversés racontent une histoire très ancrée dans le paysage local. C’est cette confrontation d’architecture vernaculaire et de mobilier intemporel, radical, qui m’intéresse.

Quelle est votre clientèle ?

 

J’ai une clientèle internationale. Mon expérience chez Lalique m’a donné la mesure d’avoir une entreprise tournée vers l’étranger. Ma participation à Design Miami/Basel était un énorme effort financier à mes tout débuts, mais ça m’a apporté la clientèle internationale que je visais.

Comment avez vous connu Collection Latil ?

 

J’ai rencontré Anne-Sophie Latil parce qu’elle travaillait avec Sonia Linard, de Norki, qui propose des tapis et du mobilier en fourrure. En 2020, j’ai organisé à la Ferme de Prasset l’exposition Design at Summit, qui faisait dialoguer des pièces de ma sélection avec d’autres, issues du catalogue de décorateurs invités, comme THG, Bisson Brunel, Dédard… et Norki. Sonia a par la suite ouvert son propre lieu à Megève, et j’ai choisi de continuer la collaboration avec Collection Latil.

Quels sont vos axes de développement, vos envies ?

 

Je vise désormais le marché américain, toujours avec mon exigence et ma passion pour le design et les arts décoratifs contemporains, avec des artistes aux approches et créations singulières. Je ne veux pas m’inscrire dans une tendance, mais choisir des pièces, qui vont transcender les époques. Je n’ai d’ailleurs pas de réserves. Je montre toutes les pièces que les artistes me confient. Voir qu’elles fonctionnent dans les différentes architectures et scénographies de mes galeries est la preuve que je ne me suis pas trompée. Alors je continue, en France et à l’étranger.

 

 

Photos – ©Studio Erick Saillet, ©Gilles Pernet

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